Cet article fait partie de l’infolettre de la CDIP du 27 octobre 2021
Les bases de leur travail commun sont posées: les statuts ont été revus et, lors de sa dernière assemblée plénière, la CDIP a validé un budget commun ainsi qu’un nouveau mandat de prestations pour la période 2022‑2024. Qu’offrira ce nouveau ZEM CES aux différents acteurs et actrices du secondaire II?
Interview croisée avec Pascaline Caligiuri, directrice du ZEM CES, et Ivo Schorn, actuel directeur de l’IPES et vice‑directeur du ZEM CES dès le 1er janvier 2022.
Pourquoi cette mise en commun des forces et des prestations?
Pascaline Caligiuri PC: Nos deux agences soutiennent le développement du secondaire II, avec un ancrage dans la formation générale pour le ZEM CES et un regard plus large sur l’ensemble du secondaire II pour l’IPES. Les groupes cibles principaux sont identiques; ce sont tout d’abord les cantons et les écoles du secondaire II. Les prestations que nous leur offrons sont complémentaires, tout comme les compétences de nos collaboratrices et collaborateurs qui ont des profils très similaires également. Sur le papier, cela fait donc sens et, dans les faits, nous collaborons déjà depuis longtemps sur des projets spécifiques. L’objectif est d’être plus «forts» ensemble, de trouver des synergies qui portent plus loin les activités effectuées jusqu’à présent par les deux agences.
Ivo Schorn IS: Tout à fait. Déjà du temps où il agissait sous le nom de WBZ CPS, le ZEM CES se concentrait sur l’aspect du développement de l’enseignement, tandis que l’IPES se focalisait, et se focalise d’ailleurs toujours, sur l’évaluation. Lorsque le WBZ CPS est devenu le ZEM CES, sa mission a également évolué pour englober les domaines du transfert de compétences et du développement de la gouvernance. Par «gouvernance», j’entends ici l’interaction des différents niveaux du système éducatif.
L’IPES dispose d’un immense réservoir de connaissances accumulées sur ce sujet. Il était donc tout indiqué, et plusieurs acteurs le suggéraient depuis un certain temps déjà, de réunir les deux institutions. Ainsi, leurs savoir‑faire sont regroupés et contribuent d’autant mieux à renforcer la gouvernance. D’un autre côté, les évaluations et les enquêtes standardisées profitent elles aussi des compétences thématiques et des réseaux du ZEM CES.
Concrètement, qu’est‑ce que cela change?
PC: Le nom IPES disparaît et toutes les prestations effectuées jusqu’alors sont reprises sous la bannière du ZEM CES. Le nouveau mandat de prestations a permis de construire un ensemble cohérent entre les activités des deux entités. Il ne s’agit pas juste de cumuler les activités et les prestations des deux agences mais réellement de les «intégrer». Cela passe notamment par les collaboratrices et collaborateurs qui travailleront étroitement sur des projets et des thèmes communs et feront évoluer ensemble les activités existantes.
Quelles sont les questions de la clientèle auxquelles le directeur de l’IPES doit répondre le plus souvent lorsqu’est évoquée la fusion des deux institutions?
IS: Nous avons évalué de nombreuses écoles professionnelles. Leur intérêt pour les évaluations et les enquêtes standardisées est toujours bien présent. On nous demande également souvent qui de l’équipe de l’IPES va rejoindre le ZEM CES. En réalité, une telle fusion présente un défi de taille. Je me réjouis de tout cœur de pouvoir accompagner notre équipe agile et polyvalente dans cette aventure.
PC: Nous sommes ravis que le ZEM CES puisse compter sur une équipe émérite et sur l’ensemble des expertes et experts externes. Le ZEM CES organisera et continuera de développer les évaluations et les enquêtes standardisées pour tous les établissements scolaires du degré secondaire II. S’agissant des évaluations destinées aux écoles professionnelles, la collaboration éprouvée entre l’IPES et la HEFP constitue un pilier fondamental. Elle se poursuivra dorénavant sous l’étendard du ZEM CES.
Quelle est la valeur ajoutée pour le système dans son ensemble?
PC: Le premier avantage est d’avoir un centre de compétence unique pour le secondaire II au niveau suisse, qui permet à tout un chacun de se sentir soutenu dans sa réalité propre (de chef ou cheffe de service, de directrice ou de directeur d’établissement scolaire, d’enseignant ou d’enseignante), mais qui lui offre aussi la possibilité de porter un regard au‑delà de son école ou de son canton, dans une perspective nationale. En mettant les expériences et les réseaux des deux agences en commun, le périmètre couvert est plus large et, qui dit périmètre plus large dit aussi, par exemple, résultats d’enquêtes plus représentatifs pour le système de formation dans son ensemble, échanges plus riches, création d’une culture commune de la mobilité.
IS: Je m’attends à ce que la valeur ajoutée apparaisse tout naturellement, car les forces et les compétences combinées de notre équipe permettront d’offrir de nouvelles prestations et de créer de nouvelles dynamiques. Concrètement, je pense par exemple à des études de synthèse fondées sur les données et les résultats issus des évaluations et des enquêtes standardisées. Nous pourrions ainsi montrer l’évolution dans le domaine de la numérisation ou en matière de satisfaction vis‑à‑vis de la formation professionnelle entre 2019 et 2022 et ainsi de suite. En outre, on voit déjà que les offres proposées dans le cadre de la fusion ont du succès. Nous avons su conquérir de nouveaux cantons et écoles, également en Suisse romande.
Quel est le principal défi à relever?
PC: De par son positionnement, le ZEM CES est clairement au service du secondaire II formation générale et de ses parties prenantes. Dans notre système fédéral, elles sont très nombreuses et disposent d’une certaine marge de manœuvre. Notre défi est d’être à leur service, en essayant de couvrir les besoins individuels, mais dans la perspective globale suisse. C’est parfois antinomique. Je dis souvent que le ZEM CES est là pour donner des impulsions au bon endroit, pour mettre de l’huile dans les rouages du système de formation. Cela demande cependant une certaine finesse, beaucoup de patience, et il faut sans cesse être à l’écoute des besoins des différentes «couches» du système et favoriser le dialogue entre elles.
De quoi te réjouis‑tu le plus?
PC: Cette intégration permet à chacun de prendre du recul sur ce qu’il fait et peut-être aussi de se laisser inspirer par une autre façon de faire. J’aime bien quand les habitudes sont un peu bousculées. On peut alors tirer le meilleur du changement. Et pour cela, comme directrice, je m’efforce de donner à tous un cadre sécurisant qui permette d’évoluer en douceur et une direction claire qui permette de voir l’objectif. Ce dont je me réjouis le plus, c’est le travail «avec l’humain» en interne et avec tous nos interlocuteurs.
Lors de son assemblée annuelle des 21 et 22 octobre 2021, la CDIP a approuvé la mise à jour des statuts de l’agence spécialisée ZEM CES, ainsi que l’adaptation des bases légales et l’extension du mandat de prestations. Les nouveautés concernent entre autres l’intégration des prestations de l’IPES dans les dispositions existantes des statuts du ZEM CES (but, tâches, collaboration avec les organes). Désormais, les tâches assumées par la Conférence suisse des services de l’enseignement secondaire II formation générale (CESFG) figurent elles aussi explicitement dans les statuts du ZEM CES.