C’est dans les années 70 que la CDIP moderne fait son apparition.
Cette année, la CDIP fête ses 125 ans. Voici l’occasion de replonger dans l’histoire de la plus ancienne conférence des directeurs et directrices de Suisse, non en présentant la chronologie de la Conférence de façon exhaustive, mais en sélectionnant quelques décisions et événements. Le deuxième article de cette série est consacré aux années 70 et 80.
Au cours des septante premières années de son existence (de 1897 jusque dans les années 60), la CDIP est avant tout un organe de discussion. Les directeurs cantonaux de l’instruction publique se réunissent régulièrement pour échanger leurs points de vue sur des questions concernant l’école. Puis, en 1968, la CDIP adopte de nouveaux statuts, professionnalise ses structures (Comité, présidence, organes spécialisés) et se dote d’un secrétariat permanent. C’est le début pour elle d’une phase de consolidation et de professionnalisation. Avec la mise en place de plusieurs concordats à partir des années 70, la CDIP établit en outre une nouvelle base conventionnelle pour la coopération intercantonale en matière d’éducation et de formation, qui devient plus contraignante.
«Si les directeurs de l’instruction publique veulent maintenir leur influence, ils doivent prendre eux-mêmes des initiatives et poursuivre leur chemin. Il faut un instrument de travail visible, qui fournisse la base légale nécessaire à l’exécution de nos décisions. Cet instrument, c’est un concordat.»
C’est en ces mots qu’en mars 1969, Hans Hürlimann, directeur de l’instruction publique du canton de Zoug et président de la CDIP de l’époque, appelle à mettre au point un concordat sur la coordination scolaire. La CDIP entend harmoniser les principaux paramètres du système scolaire et renforcer de manière générale la coopération intercantonale dans le domaine éducatif.
Hans Hürlimann s’exprime à propos du projet de concordat scolaire dans une émission diffusée sur la télévision alémanique.
Le 29 octobre 1970 à Montreux, elle adopte à l’unanimité le concordat sur la coordination scolaire en vue des procédures d’adhésion. Hans Hürlimann voit dans cette décision un moment phare de l’histoire de la Conférence. En 1972, déjà 20 cantons ont adhéré au concordat.
Un âge d’entrée à l’école obligatoire fixé à six ans, une durée de la scolarité obligatoire de neuf ans à raison de 38 semaines d’école par année, et une durée entre l’entrée à l’école et l’examen de maturité d’au moins douze ans: tels sont les paramètres du système scolaire que permettra d’harmoniser le concordat. La question du début de l’année scolaire, elle, ne parvient pas à faire l’unanimité. Dans de nombreux cantons, la rentrée a en effet encore lieu au printemps, et un référendum est lancé dans plusieurs cantons qui s’opposent à un début d’année en automne (comme le prévoit le concordat). La question est finalement résolue en 1985 seulement, à la suite d’une votation nationale sur l’adoption d’un nouvel article constitutionnel en la matière.
Avec le concordat scolaire de 1970, la CDIP se voit confier par le biais des cantons l’exécution d’un mandat conventionnel dont on ne trouve l’équivalent dans aucune des autres conférences de directeurs cantonaux. Encore aujourd’hui, c’est sur ce même concordat que se fonde la coopération des cantons en matière d’éducation.
Des élèves zurichois lors de leur premier jour d’école dans les années 60. Pour eux, comme pour de nombreux élèves dans d’autres cantons, l’année scolaire commence alors au printemps. Crédit iconographique: bibliothèque de l’EPF de Zurich, archives photographiques lien
«Cet enseignement doit tendre à favoriser l’aptitude à comprendre et à parler la deuxième langue nationale, ce qui est d’une importance capitale dans un pays multilingue comme le nôtre.»
C’est ce qu’écrit la CDIP le 3 novembre 1975 dans un communiqué de presse. Elle vient de décider de recommander à tous les cantons de faire débuter déjà à l’école primaire l’enseignement d’une deuxième langue nationale. Cet avancement faisait alors l’objet de discussions depuis quelques années et plusieurs cantons avaient déjà mis en place dans leurs écoles des projets expérimentaux en ce sens.
En 1975, la télévision suisse diffuse un reportage sur des élèves alémaniques qui apprennent le français à l’école primaire dans le cadre d’un projet expérimental (émission Bericht vor 8, 15.1.1975).
Les minorités linguistiques et les cantons situés à proximité d’une frontière linguistique mettent promptement en place l’enseignement de la deuxième langue dès l’école primaire, s’ils ne l’avaient pas déjà fait avant la recommandation. Dans nombre de cantons alémaniques, la mise en œuvre prend davantage de temps. Des initiatives populaires sont parfois lancées contre le projet, mais toutes sont rejetées. Il faut pourtant attendre les années 90 avant que la question de l’avancement des cours de deuxième langue à l’école primaire puisse être considérée comme réglée dans toute la Suisse. Les médias romands couvrent régulièrement le sujet. «Curieux!» écrit par exemple le journal romand L’Impartial en 1986, «La Suisse romande se montre plus ouverte à l’enseignement précoce d’une deuxième langue que la Suisse alémanique».
L’élaboration de recommandations est prévue dans le concordat scolaire de 1970 et, depuis son entrée en vigueur, la CDIP a adopté plus de 60 recommandations et autres documents en faisant office ou ayant un caractère de directive (principes, thèses et documents de planification): sur la formation d’enseignante et enseignant, sur l’enseignement des langues, sur la migration, sur les bourses d’études, sur l’égalité des chances et bien d’autres thématiques.
«Mais ce que nous voudrions empêcher, c’est la discrimination, et cet objectif est de la plus haute importance du point de vue politique.»
En février 1978, la CDIP est en passe de conclure son tout premier accord de financement. Le conseiller d’État zurichois Alfred Gilgen, alors président de la CDIP, souligne lors d’une séance de la Conférence l’objectif primordial qui est visé avec cet accord: l’égalité de traitement dans l’accès aux études pour tous les étudiants et étudiantes, quel que soit le canton dont ils proviennent.
La discussion remonte à une époque où les universités cantonales étaient encore exclusivement financées par leurs cantons sièges. La Confédération, elle, versait des subventions. On s’attendait à une augmentation considérable du nombre d’étudiantes et étudiants. Les cantons universitaires envisagent dès lors de restreindre l’accès à leurs universités et remettent en question l’égalité de traitement des étudiantes et étudiants issus d’autres cantons.
Vue d’un amphithéâtre d’une université en 1978: dans les années 70, le nombre d’étudiantes et étudiants dans les universités suisses va croissant. Crédit iconographique: bibliothèque de l’EPF de Zurich, archives photographiques lien
La CDIP entend alors garantir l’égalité de traitement et régler la participation aux coûts en concluant un accord de financement. Après de longues discussions, ses membres s’accordent sur un montant forfaitaire de 3000 francs et une augmentation progressive jusqu’à 5000 francs. Le canton d’origine est tenu de verser ce montant au canton d’accueil, par année et par étudiant ou étudiante. En contrepartie, les étudiantes et étudiants extracantonaux ont la garantie de bénéficier de l’égalité de traitement par rapport à ceux qui sont domiciliés dans le canton universitaire.
Paragraphe 3 de l’Accord intercantonal sur la participation au financement des universités de 1979
À l’automne 1979, la CDIP adopte l’Accord intercantonal sur la participation au financement des universités, accord qui revêt une importance capitale du point de vue politique. Tous les cantons y adhèrent.
«Au vu de l’évolution technologique d’une part et des besoins éducatifs des milieux économiques et de la société d’autre part, il est nécessaire que l’école se penche sur la question de l’enseignement de l’informatique. Il faut familiariser nos jeunes avec les nouveaux moyens et processus afin qu’ils restent compétitifs tant sur le plan national qu’international.»
À la suite de son assemblée annuelle d’octobre 1984, la CDIP décrit dans un communiqué de presse la situation concernant l’enseignement de l’informatique dans les écoles suisses et fait savoir qu’elle est décidée à promouvoir et à coordonner plus intensément les multiples efforts des cantons dans ce domaine.
La CDIP s’est déjà penchée sur la question en 1972 et 1973 et, en 1978, elle publie un programme minimal (Informatik in 24 Stunden / Informatique en 24 heures) pour l’enseignement au gymnase. Dans son communiqué de presse de 1984 elle indique que le programme en question est proposé presque partout, que la mise en place de cours d’informatique est en bonne voie dans les écoles professionnelles et que les écoles supérieures disposent d’un excellent niveau d’équipement. À l’école secondaire, on constate que de nombreux projets pilotes individuels sont en cours, mais qu’il n’existe pas encore de cadre établi.
En juin 1986, la CDIP donne son aval à des «idées directrices et objectifs» sur l’informatique à l’école obligatoire. Les élèves doivent entre autres être capables de «vivre dans un monde où les processus automatisés prennent de plus en plus de place» ou doivent «développer une attitude critique constructive face aux nouveaux moyens de l’information.»
Série d’article «La CDIP fête ses 125 ans»
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