Auteur: Silvia Steiner, présidente de la CDIP
Le message FRI 2025–2028 du Conseil fédéral n’est pas cohérent: il ne peut pas exiger plus de personnel qualifié et réduire les moyens. La Confédération doit respecter ses obligations. Un article signé Silvia Steiner.
Dans le nouveau message FRI 2025–2028, le Conseil fédéral définit des objectifs ambitieux. En revanche, il freine des quatre fers en ce qui concerne le financement. Cette contradiction, manifeste, suscite l’inquiétude. Le message est maintenant soumis aux Chambres fédérales.
Le projet de message FRI 2025–2028 du Conseil fédéral affiche des objectifs élevés. Il prévoit de renforcer la compétitivité de la Suisse au niveau mondial, d’améliorer la qualité du système éducatif et de couvrir les besoins en personnel qualifié. Selon le Conseil fédéral, la Suisse doit rester à la pointe de la formation, de la recherche et de l’innovation, et saisir les opportunités qu’offre la numérisation. Ces objectifs ambitieux sont très encourageants pour l’avenir de notre pays. Ils sont le signe que la Suisse attache une réelle importance à sa principale ressource, la formation.
Et c’est là que le bât blesse. En effet, de tels objectifs s’accompagnent forcément d’un coût. Le Conseil fédéral prévoit dans le message FRI des moyens considérablement réduits. Certes, le domaine FRI pourra, dans son ensemble, encore compter sur une dotation en croissance de 1,6 % en moyenne. Néanmoins, l’évolution démographique devrait entraîner ces prochaines années une augmentation du nombre de personnes en apprentissage ou en études. En moyenne, l’Office fédéral de la statistique (OFS) table sur une hausse de 1,5 % par an! S’y ajoute le renchérissement, qui devrait être de l’ordre de 1 %. En faisant les comptes, on constate avec dépit que le message FRI prévoit dans le meilleur des cas une augmentation nulle des moyens; selon toute vraisemblance, il faudra cependant faire face à une diminution réelle des fonds mis à disposition.
La répartition des tâches dans l’espace suisse de formation est réglée en détail, notamment par la loi sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE): la Confédération et les cantons se partagent la compétence en la matière. Aux termes de la LEHE, la Confédération prend en charge 30 % des coûts des hautes écoles spécialisées et 20 % de ceux des universités. Cette base légale a été adoptée par le Parlement en 2011 déjà. Il n’est inscrit nulle part que celui-ci ne doit pas s’y tenir lorsque les temps se révèlent difficiles sur le plan financier.
Jouons cartes sur table: les moyens que le Conseil fédéral propose de mettre à disposition pour la prochaine période FRI seraient synonymes de régression pour le financement de l’éducation et de la formation. On ne peut pas exiger davantage de professionnelles et professionnels qualifiés et en même temps réduire les moyens accordés aux écoles qui doivent former ces personnes. Nous ne demandons rien d’extravagant. Pour que la Suisse reste un pôle économique et d’innovation, il est indispensable que les crédits FRI augmentent d’au moins 2,5 %.
Alors que faire à présent? Nous en appelons à la clairvoyance des Chambres fédérales, qui ont le pouvoir d’agir et de rectifier la situation pour assurer un avenir prospère à notre pays. Le Conseil national va maintenant devoir joindre l’acte à la parole. Qui dit responsabilité commune dit aussi efforts communs: nous avons une obligation envers les professionnelles et professionnels de demain et notre société dans son ensemble!